La clownesse à deux têtes


Des duettistes de choc flirtent avec le cabaret chic et le gogo show décalé. Un comique très spécial

Il y a des miaulements hystériques, des larmes pour rire, des gueulantes. Il y a le coup du fauteuil qu’on retire quand l’autre va s’asseoir, le coup de la planche sur l’épaule qui assomme le partenaire dès qu’on tourne sur soi-même. Il y a deux femmes en justaucorps noirs, très très « chignon », qui hésitent entre des jeux de rôles et les endossent tous, les uns après les autres. Dans Gustavia, pièce créée au festival Montpellier Danse 2008, les chorégraphes et les danseuses Mathilde Monnier et Maria Ribot jouent Hamlet, une pleureuse, une maîtresse femme, une showgirl, une erreur de casting, une erreur tout court qui pète, qui rote et qui baise. Le tout dans du velours noir et une ambiance spectrale d’une parfaite élégance.
Mais de quoi s’agit-il exactement ? D’un numéro de duettistes qui travaillent d chapeau et du burlesque comme si elles n’avaient plus que ce recours. Pour en finir avec l’esprit de sérieux, Mathilde Monnier, directrice du centre chorégraphique de Montpellier, et La Ribot, performeuse espagnole installée en Suisse, ont réglé leurs instruments sur le même ton désaccordé. Symptomatique des années 2000, leur danse des postures, voire de la pose, manque parfois de consistance. A force d’épingler le mouvement, le corps se réduit vite à une silhouette découpée en aplat. Esthétique en toutes circonstances, Gustavia cousine avec le cabaret contemporain chic et décalé, le gogo show branché où l’on fait mine de se masturber contre une barre métallique. Heureusement qu’à force de jouer du comique de répétition notre « clownesse à deux têtes » finit par exploser dans une diatribe féroce sur les clichés féminins. Lorsqu’on ne s’y attend plus. Et ça ne fait pas de mal.