Pour son nouveau spectacle, Mathilde Monnier
s'est associée à la performeuse espagnole La Ribot Trois lourds rideaux
noirs cadrant la scène, un sol de tissus cendrés, un micro. Devant lui,
Mathilde Monnier et la performeuse espagnole Maria La Ribot. Maillots
de corps d'exercices, petits talons vernis. Deux belles femmes, à
longues jambes et plus toute jeunes, qui pleurent comme des petites
filles.
Pour la création de Gustavia, les deux artistes ont décidé, il y a deux ans, du « projet intuitif de travailler ensemble ».
C'est un tragique constat de solitude à deux. Pathétique, dramatique,
en souffrance, dont elles ont voulu qu'il prête à rire. Solution
burlesque. C'est un choix théâtral qui marche, non sans risque. Ames
abandonnées, on se tortille, on s'escrime, on lève
la jambe, mais on ne sait
pas si on s'aime. De grands coups de poutre cognent la tête, on se
gifle. Le corps tombe lamentablement. Et rebelote. On fait la dinde, ou
l'autruche, pour en sortir. Au son, l'orage fait rage. Maria s'est
réservé les cris, Mathilde, plus offensive, les coups de poing dans le
vide. Un peu mince, mais radical. Ça déconstruit la petite fille.
Temps
de maturité plus tard, techno rock. Mouvements frénétiques, on s'agite
le pantalon sur le genou. C'est une manie de vamp à la dérive, de
rockeuse en manque, de junkie perchée. Masturbation déguisée,
frustration ? L'image du "clown sexuel", évoquée pour la pièce, se
précise.
Mieux à la fin, pourtant. Juchées sur tabourets,
elles caquètent les cruelles, parodie de femmes perruches. Tout un
chapelet de nerfs à vif. Rire, ou pleurer, quelle différence ? Femmes
en crise, femmes sans tête - le propos est un peu court.
Après La place du singe, Mathilde Monnier donne dans le féminin perdu. C'est à voir pour ce trouble. Son projet de travailler ensuite sur Hamlet, dont Gustavia s'inspire déjà, ira-t-il plus loin ? Etre, ou ne pas être, une femme, une artiste, une citoyenne ? La réponse s'impose.
lise ott
4.07.08
midi libre