Mathilde Monnier dans la vie en vrai
 
Orange vif, la couleur qui tapisse le solde de Twin Paradox, la prochaine création de Mathilde Monnier, est une invitation « hors de la géographie du monde mais plus encore hors du temps ». La directrice du centre chorégraphique de Montpellier n’a plus, comme l’an dernier, la tête dans la mémoire, quand elle remontait Pudique acide et Extasis, deux pièces des années 80 qui ont défrayé la chronique. Place en 2012, à une danse qui se donne ouvertement droit de cité, « dernier refuge contre ou devant les éléments », danse qui devient « socle, arme, manifeste, survivance ».
 
Un imaginaire hors frontière
Un combat qui se jouera à deux démultipliés par cinq – en tout, dix danseurs sur le plateau – pour entrer dans un imaginaire sans frontière, où il s’agit de réinventer le thème du duo. Le titre que l’on peut traduire par le paradoxe du double, évoque une expérience scientifique troublante au cours de laquelle sont bouleversées identité, temporalité et relation à l’espace. C’est peut-être aussi de cela qu’il s’agit dans cet univers du couple voué au rythme et au son. Pas étonnant, d’ailleurs, que la chorégraphe ait songé au compositeur Luc Ferrari, disparu en 2005, pour cet ailleurs où elle a pensé un temps aux danses marathon des années 1920, avant de conserver le fil rouge des formes populaires, grecques, basques, irlandaises ou mexicaines.
Avec son goût pour les sons issus de la vie quotidienne et ses arrangements conçus à partir d’enregistrements d’ambiance tous azimuts, dont le fameux Lever du jour au bord de la mer, en 1970, Ferrari devait donner le la d’un ballet qui se donne à fond « quelque part en vrai, dans la vie en vrai ».
 
Lise OTT
Midi libre – 23/06/2013