La danse animée de Mathilde Monnier
Un spectacle inspiré d’une BD de François Olislaeger
 
La directrice du Centre chorégraphique national de Montpellier signe deux nouvelles pièces : l’une donne la parole (et le gestte) à des amateurs, l’autre fait dire à des danseurs de ballet tout ce qui leur passe par la tête. « Que t’arrive-t-il si tu vas au spectacle ? », « Quand tu quittes le théâtre, as-tu changé ? » : ces questions sont tirées d’une longue liste rédigée par Julian Beck, figure de la troupe utopique du Linving Theatre des années 60. La chorégraphe Mathilde Monnier s’en inspire, dans sa nouvelle pièce Qu’est-ce qui nous arrive ?!?
Celle-ci regroupe vingt-trois amateurs, aux deux sens du mot : spectateurs aimant la danse, et danseurs n’en ayant pas fait un métier. La directrice du Centre chorégraphique national de Montpellier soulève la question : « Le discours sur l’art est-il réservé aux seuls artistes et professionnels ? » Chacun a raconté sa première rencontre avec la danse. La diversité des âges et trajectoires est grande.
Kevin Thiolon, 26 ans, chanteur dans l’ensemble Écume, n’avait jamais vu de danse contemporaine voici trois ans, avant de se passionner. Là, il relie corps et voix : « Pas de chant sans un corps actif ! » Claire Bordet, 64 ans, simple spectatrice, est emballée par la « valorisation que les professionnels apportent à l’expérience de chacun. Ça donne de la force ».
Le plus étonnant sera les croquis, projetés en direct par le dessinateur de BD François Olislaeger. Son trait fait miracle pour dire l’esprit d’un geste.  On l’a vu dans l’album qu’il vient de consacrer au travail de Mathilde Monnier (photo). Dans la pièce, son commentaire fait que chacun oscille entre position d’acteur et de spectateur. En clôture du Festival, ce sera au tour du Ballet de Lorraine de danser Objets re-trouvés, de Mathilde Monier. Celle-ci a demandé aux danseurs professionnels, parfois un peu standard, de dire sur le plateau tout ce qui leur passe par la tête pendant qu’ils sont en train de danser. Et ça décoiffe.
 
Gérard Mayen
La Gazette
Du 20 au 26 juin 2013