En clôture du festival d’Avignon, Mathilde Monnier et Rébecca Chaillon se réapproprient leurs corps stigmatisés par la violence ; Tiago Rodrigues et Patricia Allio s’emparent des récits politiques de militant·es altruistes. La fin rêvée d’une édition réussie, marquée par la danse et l’expérimentation. En coulisses, le directeur dévoile des pistes pour l’an prochain…
Alors que la 77e édition du festival d’Avignon s’achève ce mardi 25 juillet, nous retiendrons avant tout l’image galvanisante de ces corps imparfaits si justement mis en scène. Ces corps a priori trop gros, trop fragiles, trop bizarres ; ces corps écrasés par les canons publicitaires et le racisme ; ces corps suppliciés par le sexisme et la violence ; ces corps libérés et magnifiés par le geste théâtral et la radicalité chorégraphique.


Il y eut ceux de Black Lights, l’un des spectacles les plus réjouissants de la programmation, mis en scène par Mathilde Monnier. Huit danseuses interprètes s’emparaient d’autant de récits d’autrices, écrits pour la série télé H24, témoignant d’agressions sexuelles en tout genre, du harcèlement de rue au féminicide. Des corps cabossés, disloqués, empêchés, qui retrouvaient leur puissance d’agir grâce à la colère et la musique, la prise de parole et la danse. Des corps chauffés à blanc par une musique électronique tonitruante, rendant coup pour coup, reprenant le dessus au fil d’une transe extatique. On aurait passé la nuit à voir ces huit femmes s’emparer du pouvoir…




par Igor Hansen-Love
Publié le 25 juillet 2023 à 11h26 

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