Avignon Fraternelle Monnier
On ne s’y attendait pas. Mais après La Place du singe crée à Montpellier Danse en juin et au programme d’Avignon, Frère & Sœur est la deuxième création-phare de Mathilde Monnier, depuis Pour Antigone en 1993. Après l’Afrique, c’est aujourd’hui au monde que s’adresse l’œuvre.
La danse s’allie à une scénographie d’une grande sobriété. Des textes de Cathy Acker sont dits, très personnels et poétiques. La musique mêle la ballade, la symphonie et les déflagrations rock. Tout cela met les corps en mouvement, les déchaîne, les fait se heurter… pour accepter au final, une solitude bien-pensée. Et intimement ressentie.
Le message est clair : ce n’est pas une fraternité politique, ni révolutionnaire que représente Mathilde Monnier. Mais une fraternité de hasard, au-delà du tout sexuel des années 1970. Qui réunit des individus de tout genre, prêts à se rencontrer au nom du goût des autres. Qui parle des femmes, de leur désir, sans être opposées aux hommes.
Les douze danseurs, à la fois acteurs et artistes associés, tous vêtus d’un costume unisexe, constituent une humanité de 25 à 50 ans. Ils sont partagés entre l’exhibitionnisme de la scène et la nécessité de retrouver leurs marques à l’intérieur d’une case noire.
Trois tableaux ensuite. Le premier, un duel à la West Side Story. Le deuxième, en quête de beauté et d’absolu, une rêverie sur les rapports amoureux et les communications décousues du quotidien. La passion, au troisième, corps livrés à la démesure, à la sensualité et au retour sur soi.
Pas de doute : avec Frère & Soeur, et La Place du singe, Mathilde Monnier a décidé de dire ouvertement qui elle est. À l’exact opposé de Jean Fabre qui l’a précédée, mais en complète possession d’une pensée forte. Et pas donneuse de leçon pour autant.
Lise OTT
Midi Libre
21 Juillet 2005