Hier soir à Berlin, Mathilde Monnier, la patronne du Centre chorégraphique national des Ursulines a donné la dernière représentation de Surrogate Cities. Et les chevaux du philharmonique de Berlin ont été lâchés.
Berlin, capitale de Monnier
La chorégraphe a remporté son pari artistique
Il est 21h30, ce samedi soir, dans le quartier de Kreuzberg, au sud-est de Berlin. Les 2700 spectateurs de la salle Arena sont debout pour applaudir la dernière création de Mathilde Monnier. Deux heures de danse posées sur l’opéra de Heiner Goebbels.
La patronne du centre chorégraphique a pris possession du lieu à la demande de Sir Simon Rattle, à la tête du Philharmonique de Berlin depuis 2002. Noblesse oblige, il avait accepté la baguette de cette prestigieuse formation à deux conditions. D’abord impulser chaque année un grand projet pédagogique. Puis que le salaire de ses musiciens soit augmenté.
Cette année, pour son projet pédagogique, le chef de la maison de la Herbert-von-Karajan Strabe, a choisi Mathilde Monnier sur la demande du compositeur Heiner Goebbels. Ce dernier souhaitait que Monnier mette en scène son opéra « Surrogate Cities », une oeuvre centrée sur la ville et l’urbanité. Les deux se connaissent depuis 1998 lorsque Goebbels a mis en musique une des pièces de Monnier. Dans son bureau-studio des Ursulines, la chorégraphe a imaginé une pièce avec 130 personnes sur scène. Tous des amateurs. Une gageure que la chorégraphe a su relever.
Pour cela, elle s’est remise à l’Allemand et vient de passer deux mois à Berlin pour les dernières répétitions. Avant, à Montpellier, elle avait réquisitionné une soixantaine d’amateurs, des écoliers, des personnes âgées, pour ébaucher son travail.
A Berlin, elle a fait travailler aussi bien un club de danse de salon, qu’un groupe trouvé dans un temple Shaolin ou des enfants de Neukoll. Un quartier où la communauté turque s’est établie depuis belle lurette et qui fait les frais de toutes les peurs. Un endroit sensible, très sensible. Autant dire que pour ces enfants, se trouver sous les projecteurs aux côtés du Philharmonique de Berlin n’était pas écrit sur la ligne de vie. Alors construire une ville imaginaire à base de cartons d’emballages…
A Berlin, le pari de Mathilde Monnier était double. La salle Arena est une coquille vide qui s’offre à l’artiste. Une sorte de hangar qui a été réhabilité. Le temps de deux soirées, il a été le terrain de la chorégraphe. Elle a livré un travail à la fois artistique (Sir Simon Rattle ne veut pas lâcher les chevaux de son philharmonique pour un spectacle au rabais) et profondément humain (il en faut de l’humanité pour mettre en ordre 130 amateurs).
On devrait voir Surrogate Cities en 2009 à Montpellier.
Jean-Jacques Sarciat.
Montpellier plus 04/02/08