Mathilde Monnier avec sa dernière création nous entraîne dans un univers onirique et sensuel interprétée par six danseuses. Le décor est composé de trois surfaces planes, un immense écran où une vidéo d’un ciel nuageux, lumière coucher de soleil remplit tout l’espace du fond de scène, un plateau vide complètement blanc et un mur au fond entre le plateau et l’écran, blanc également. Les seules touches de couleurs sont les chaussures des danseuses, toutes différentes, leur pantalon couleur jean et la création lumière.
Au début du spectacle, l’écran prend tout l’espace scénique, on est au bord de l’océan avec le bruit très présent des rouleaux de mer qui s’écrasent sur la plage, parfois des mouettes traversent l'écran, on sent l’odeur des embruns… On est dehors … enfin …
Records est une chorégraphie d’après confinement, un retour à la vie, un retour au mouvement comme une nouvelle naissance, comme un ré-apprentissage de l'interaction ensemble. C’est aussi un constat, un regard sur la période que nous venons de vivre, On sort de son cocon, on respire, on se souvient et on raconte…
Les 6 danseuses arrivent les unes après les autres dans une chorégraphie lente, mouvements décomposés des corps comme une partition de gestes et de rythmes en décalé puis recalés et puis re-décalés. C’est fluide, c’est presque de la douceur, c’est beaucoup d’intime.
Les six danseuses jouent sur les supports plateau et mur du fond comme si elles ne subissaient pas la gravité. Elles se meuvent comme dans un espace différent, comme dans une boite. Et la symbolique de l’enferment arrive très vite ! Elles tapent sur le mur dans un rythme lancinant, battements de pieds, mouvements qui se répondent, rythmes qui les portent. Le son est le mouvement et le mouvement est le son
Records c’est la chorégraphie d’une mémoire en mouvement que chacun de nous a en soi, que chacun de nous se rejoue, ou même voudrait oublier peut-être. Records, c’est aussi la mémoire par le corps, c’est un mouvement mémoriel, brut, sans faux semblant, grinçant parfois, tendre aussi qui nous percute, nous fait rire par moment et nous interpelle dans notre différence et notre vécu.
Les danseuses s'accompagnent également par la voix avec notamment des onomatopées, qui évoquent immédiatement les jeux vidéo et les réseaux sociaux qui nous ont alimentés pendant ces mois d’enfermement mais aussi avec des paroles, des bouts de phrases désincarnées un peu comme ce qui reste d’un rêve ou d’un souvenir…
Ce qui me reste du spectacle c’est une infinie langueur, brute et violente, comme un corps qui reprendrait vie, comme un appel à la vie et au mouvement ; paradoxe littéraire non, paradoxe chorégraphique délicieusement…
Distribution :
UNE CHORÉGRAPHIE DE Mathilde Monnier
SCÉNOGRAPHIE Jocelyn Cottencin
DRAMATURGIE Stéphane Bouquet
CRÉATEUR LUMIÈRE Eric Wurtz
CRÉATEUR SON Olivier Renouf
COSTUMES Laurence Alquier
AVEC 6 INTERPRÈTES Sophie Demeyer, Lucia Garcia Pulles, Lisanne Goodhue, I-Fang Lin,Carolina Passos Sousa, Florencia Vecino
Rédigé par Fabienne Schouler et publié depuis Overblog
17 octobre 2021
http://www.arts-chipels.fr/2021/10/records-la-choregraphie-memorielle-d-un-confinement.html