Un Américain à Paris de Mathilde Monnier
Foofwa d’Imobilité a dansé sept ans chez Cunningham. Mathilde Monnier jamais. Mais comme tant de jeunes Français, elle en fréquenta les cours des années 80, fût-ce pour mieux faire systématiquement le contraire dès que passé la porte. Déjà détonnant, l’alliage de ces deux attitudes s’enrichit encore, dans la brève pièce Un Américain à Paris, en se triangulant avec la participation du très jeune apprenti danseur Marcus Vigneron-Coudray. Hormis une lecture de textes qu’on aurait imaginés plus lumineux, un air de liberté éclatée flotte sur cet hommage sans raideur au chorégraphe disparu. On peut faire confiance à Foofwa, arrimé à sa chaise d’Antic Meet (1958), pour diaboliser les images souvenirs. Plus troublant, son jeune élève laisse filer toute une ingénuité rafraîchissante à travers les grilles appliquées de l’académisme. Qui veut faire l’ange ferait-il la bête ? Enfin, les gestes de Mathilde Monnier partent en libre dérive, outrepassant l’héritage, sans qu’il s’agisse de l’agresser.
Gérard Mayen
Danser – Avril 2011