Danse avec les fous
La chorégraphe Mathilde Monnier raconte la genèse du film « Bruit blanc », diffusé mercredi sur Arte.
A la tête du Centre chorégraphique national de Montpellier depuis 1993, Mathilde Monnier a travaillé avec Marie-France, une autiste de 26 ans. La chorégraphe parle de son expérience.
PANORAMA DU MEDECIN : Pourquoi avez-vous souhaité travailler avec des autistes ?
MATHILDE MONNIER : J’avais ce projet en tête depuis longtemps. En amorçant des études de psychologie, j’avais eu l’occasion de rencontrer des autistes et cette expérience m’avait intéressée. En 1994, je n’ai donc pas hésité à renouer avec ce travail, qui faisait partie de ma recherche sur le mouvement, lorsque j’ai obtenu le feu vert de l’hôpital psychiatrique de La Colombière à Montpellier.
Comment s’est passé cette collaboration si particulière ?
Avec La Colombière et l’association « les Murs d’Aurelle », nous avons créé un atelier artistique consacré au mouvement, auquel une dizaine d’autistes ont participé.
Pourquoi votre choix s’est-il porté en particulier sur Marie-France ?
D’abord parce qu’elle avait un corps de danseuse et qu’elle était à la fois très souple et sensible au mouvement. Ensuite, très vite, avec elle j’ai eu une grande complicité : j’appréciais beaucoup sa tonicité, sa disponibilité, sa résistance, bref elle avait du caractère !
Que vous a apporté cette expérience, à la fois sur le plan humain et artistique ?
On ne ressort pas indemne, c’est vrai, d’une telle expérience. On vit quelque chose de très fort qui marque et donne forcément un autre regard sur le monde.
Mais sur le plan artistique aussi cela a eu beaucoup d’influence. Ainsi, pour la préparation de mon nouveau spectacle, j’ai redécouvert le mouvement. Celui-ci est de moins en moins décoratif, mais de plus en plus profond et essentiel.
Entretien Anne Eveillard
le panorama du médecin
lundi 12 avril 1999