Entre deux séjours a New-York Le Lyon Opéra Ballet fait escale à la Maison de la danse... Janvier 1987 : New-York. Mai 1987 : re-New-York. Le ballet de l'Opéra de Lyon a tellement plu aux Américains qu'ils en redemandent. Entre-temps, les danseurs lyonnais se retrouvent à Lyon, mais pas à l'Opéra, qui devrait fermer pour cause de travaux (enfin !). C'est à la Maison de la danse qu'ils proposent leurs trois créations dont deux ont déjà été données au City Center (Le Monde Rhône-Alpes du 3 février). Mama Sunday, Monday or always est une chorégraphie de Mathilde Monnier et Jean-François Duroure, qui sont, avec Maguy Marin, François Verret, Régine Chopinot, Dominique Bagouet, les représentants les plus en vue de la jeune danse française. Pour ce ballet, Monnier et Duroure ont repris leur duo Extasis, mais, de deux, les danseurs sont passés à huit. Imperméables, tutus, robes de mariées se poursuivent, s'évitent, se rejoignent dans une chorégraphie qui mêle l'humour et la tonicité. De dynamisme, l'Américain William Forsythe n'en manque pas non plus. Formé à l'école du Jeoffrey Ballet de Washington, puis de John Cranko à Stuttgart, il dirige depuis 1984 le Ballet de Francfort. Steptext, créé avec sa compagnie, en 1985, mais qu'il a remonté spécialement pour le Lyon Opéra Ballet, est un ballet très épuré et très expressif en même temps, sur une musique de Bach. L'occasion de découvrir, dans un collant rouge vif, Pascale Michelet, promue "soliste" en janvier, avec Françoise Jouillié et Hervé Chams. La troisième création est due à Nils Christe. Le chorégraphe hollandais, formé du fameux Nederlands Dans Theater, a déjà produit pour le LOB Luminescences. Son nouveau ballet sera dansé sur une musique de Stravinski, la Symphonie en trois mouvements. Cette programmation variée, éclectique, mais dense, est ainsi bien dans la ligne que Françoise Adret veut imposer à sa compagnie depuis qu'elle en a repris la direction en 1985 : appel aux chorégraphes les plus inventifs du moment, travail rigoureux, à base classique mais ouvert sur la création contemporaine la plus diversifiée. Cette personnalité multiforme a surpris et enthousiasmé les New-Yorkais, comme il devrait séduire aussi le public des prochaines tournées (Californie, Canada, Brésil). Les représentations de la Maison de la danse seront l'occasion pour les Lyonnais de voir un de leurs meilleurs produits d'exportation.

Pierrre MOULINIER
Le Monde
7 Mars 1987