Angers. Records : six femmes puissantes sur la scène du Quai
Mardi 24 mai, six danseuses ont interprété la dernière création de la chorégraphe Mathilde Monnier.
En 2013, chez Denoël, sortait la bande dessinée « Mathilde : danser après tout », fruit de la rencontre entre la danseuse et chorégraphe Mathilde Monnier et l’artiste François Olislaeger. Titre prémonitoire quand on découvre la dernière création en date de celle-ci, « Records », pensée pendant la période de confinement. Oui, danser après tout, danser malgré tout et danser après ça.
Les six corps de femmes sur grand tapis blanc – toile mentale vierge qu’il faudra habiter – se heurtent, le temps d’une scène percussive (tapements de pieds), à un mur qui les sépare d’un ciel orageux projeté sur écran géant en fond de scène.
Des personnages de mangas
Le ciel s’éclaircit au fur et à mesure que les corps s’émancipent, finissant dans une chorée de Sydenham (la danse de Saint-Guy) après être passés par un geste rappelant des personnages de mangas ou de jeux vidéo. Nos six jeunes femmes, toutes puissantes – citons-les : Sophie Demeyer, Lucia Garcia Pulles, Lisanne Goodhue, I-Fang Lin, Carolina Passos Sousa et Aïda Ben Hassine – ont le pantalon bleu de chantier, celui d’un monde à reconstruire et à réinventer, et le poitrail nu, désexualisant cette quête.
On avait déjà goûté au crescendo énergisant imposé par Mathilde Monnier dans « El Baile », créé le 13 juin 2017 au Quai. Là aussi, la musique épousait le mouvement, et c’était avec la magnifique voix de la soprano et cheffe d’orchestre canadienne Barbara Hannigan que la danse passait du tribal, du tellurique, de la confrontation à l’aérien, au contemplatif, à la libération.
« Records » ne maintient pas toujours son pouvoir de séduction et d’interrogation mais il compose un tableau d’une grande sagacité.
Le Courrier de l'Ouest
LELIAN
Publié le 25/05/2022 à 14h29