maîtrise d'ouvrage Ville de Montpellier maîtrise d'ouvre Florence Lipsky et Pascal Rollet Au cour de l'ancien couvent des Ursulines, le Centre chorégraphique national de Montpellier vient d'ouvrir ses portes. En 1990, les jeunes architectes Florence Lipsky et Pascal Rollet, trouvent là, avec leur première commande, l'occasion d'intervenir sur un tissu ancien chargé d'histoire et de grande qualité. La tâche consiste à insérer un programme très spécifique dans la partie nord-est de l'ancien couvent, situé à la perpendiculaire d'une large artère, le boulevard Louis-Blanc, et d'une ruelle du centre-ville, la rue des Ecoles Laïques. L'aile nord du bâtiment a subi une réhabilitation lourde. Elle abrite deux studios de répétition annexes et les fonctions attenantes. Le studio 3, en rez-de-chaussée sur cloître, a été créé pour les répétitions de solos et duos, tandis que le studio 2, qui se développe au premier étage en double hauteur a été conçu pour le travail de danseurs en petits groupes. Chacun d'eux a une double orientation sur rue et sur l'intérieur de l'îlot. Pour répondre aux contraintes acoustiques, un double vitrage de 42 dB (A) a été mis en place sur le boulevard. Murs et plafonds sont doublés de revêtements absorbants de type Placostil et/ ou Gyptone. Un plancher spécial sur double lambourdage a été étudié pour ces studios afin de permettre une certaine "souplesse" du sol. De plus, une dalle flottante sur plots à ressorts les sépare pour annuler les effets vibratiles possibles en cas d'utilisation simultanée de deux salles. L'ensemble de ces espaces est en relation directe avec l'autre aile du bâtiment, qui renferme le studio principal. L'aile est de l'ancien couvent a subi, elle, une démolition radicale. Seule la façade sur la rue des Ecoles Laïques, tombant dans le périmètre de protection du secteur sauvegardé de Montpellier, a été conservée. Derrière cet immense mur percé de hautes ouvertures régulières, une construction neuve a été érigée. Une ossature métallique en constitue le système porteur. Sur le cloître, la façade reprend le rythme des arches existantes. Des panneaux de trois mètres de large faits de clins de red cedar fixés sur châssis métalliques, filent toute hauteur. Cette façade, qui donne une nouvelle lecture au cloître, trouve un juste accord avec la pierre jaune de Montpellier. À l'arrière de ce rideau de bois, la pièce maîtresse de l'édifice est le studio principal. Le volume dans son entier est d'un noir profond. Une luminosité sereine baigne pourtant l'espace. Fait de la double orientation mais aussi du système de persiennes à l'italienne adopté en façade ouest. Conçu à la fois comme un espace de répétition et comme un lieu de représentation, ce studio présente une double configuration. Le plateau offre un espace de travail aux dimensions confortables : 15,60 mètres d'ouverture pour une profondeur du studio à 18 mètres. En configuration de spectacle, des gradins mobiles, d'une capacité d'accueil d'environ 120 places, sont installés en fond de salle, en dessous de la régie. Adossée à la façade intérieure du studio et comme suspendue, la régie est une "boîte" habillée de bois finlandais (Fincof), ouverte sur le plateau de travail. Toutes ces installations répondent parfaitement à l'idée développée par l'équipe Lipsky/Rollet et les danseurs tout au long de la genèse du projet, qui était de pouvoir préparer les spectacles dans les conditions les plus proches de celles de la scène. Les conditions acoustiques et climatiques sont, elles aussi, optimales. Un système de climatisation par déplacement d'air assure aux utilisateurs un traitement de l'air et une température agréables. Le principe est simple : une nappe d'air frais coule sur le plateau, repoussant vers le haut l'air chaud à renouveler. Ce dernier est évacué par des bouches d'aspiration en plafond pour être retraité par les centrales d'air situées à l'étage inférieur. L'air est ensuite réinsuflé dans le studio par des diffuseurs muraux. Sous le studio principal se développe la zone technique du bâtiment. On y trouve, outre les locaux qui alimentent le système de climatisation, des ateliers de décors, de costumes et autres pièces annexes. À l'articulation de ces deux corps de bâtiment, on trouve le dernier élément architecturé du lieu, la verrière sur cour. Jeux d'ombres et lumières pour ce système de couverture qui rend immatérielle l'interface intérieure-extérieure. Cette cour, c'est le hall d'accueil du public, l'espace d'attente, le premier lieu de convivialité et d'échanges. C'est le point de départ de l'escalier qui mène vers le studio principal et le spectacle. Le Centre chorégraphique national de Montpellier est un endroit unique où tout a été pensé entre architectes et utilisateurs avec une seule et même finalité : le bien-danser.

Florence CRISTOFARO
AMC
1er Juin 1997