Mathilde Monnier au bal des vanités

"Le goût de la méditérranée", thème oriental de la 32e édition de Montpellier Danse, a des saveurs violentes. Présenté juste après la version festive donnée par Mourad Merzouki dan Yo Gee Ti, Twin Paradox, de Mathilde Monnier, en offre une vision tragique et austère. Conçu en deux parties, le propos exile cinq couples de filles et de garçons sur le tamis surélevé, orange vif, d’une atmosphère harassée de fin de bal. Les costumes bariolés, très « street art » , des danseurs opposent leur réussite visuelle à l’épouvante lenteur de postures fatiguées, zébrées d’élans héroïques.
 
Au son de l’été insufflé par des extraits de composition de Luc Ferrari, captations italiennes de voix et de bruits en pleine campagne, succède, en deuxième partie, l’écho fatidique de la 5e symphonie de Beethoven. La chorégraphe s’est inspirée des marathons de danse des années 20. Campés dans un combat contre la montre qui tétanise âmes et corps jusqu’à l’usure, les danseurs , tous excellents, alternent les gestes désespérés d’une énergie en survie et les poses sublimes d’un rock au ralenti. Un poil trop longue et déséquilibrée, l’œuvre tape dans le vrai pour évoquer la vanité de la destinée humaine.
 
Lise OTT
Midi Libre – 25/06/2012