Mathilde Monnier, danseuse née

En janvier, la chorégraphe Mathilde Monnier est devenue “officier” de la Légion d’honneur. Retour sur le lien particulier que l’artiste a tissé avec Montpellier.
Alors que son mandat à la tête de l’une des plus grandes institutions françaises, le CND (Centre national de la danse) à Pantin, devait s’achever en

2020, Mathilde Monnier décide d’y mettre fin en 2019. Destination : Montpellier. “Je me suis dit que si je res- tais encore trois ans au CND, je n’allais jamais pouvoir être artiste de nouveau”, se souvient la chorégraphe aujourd’hui âgée de 64 ans. “C’était génial d’avoir pu y travailler six ans, mais si je prolongeais, je n’au-

rais jamais réussi à monter des pièces.”

Retour à la création. Installée depuis 2020 à la Halle Tropisme dirigée par Vincent Cavaroc, également en charge de la pro- duction et de la diffusion de sa compa- gnie, Mathilde Monnier a en effet repris le chemin de la scène. Avec, notamment, trois spectacles : Please Please Please (2019), Records (2021) ou encore Black Lights, présenté à Montpellier Danse et

au Festival d’Avignon en 2023.
Un vrai retour à la création pour cette artiste qui a commencé sa carrière professionnelle à 21 ans en tant qu’interprète à Lyon, après s’être formée auprès du chorégraphe lyonnais Michel


Hallet Eghayan. “J’ai découvert tard la danse, tout en ayant l’impression que j’avais toujours cherché ça dans ma vie. J’ai fait de la danse toute mon enfance, toute seule, dans ma chambre, quand j’habitais au Maroc, dans un petit bled où il n’y avait aucun cours”, se souvient Mathilde Monnier dont le répertoire compte aujourd’hui une quarantaine de pièces. “Mais depuis que mes pieds ont touché le sol, j’ai dansé.”

Master. Un retour aux sources aussi à Montpellier, qu’elle connaît bien, pour y avoir dirigé de 1994 à 2014 le Centre chorégraphique national. “Ma candidature portait une idée politique forte, je voulais que le centre ne soit pas un lieu fermé et que des artistes d’Afrique y soient accueillis. J’ai aussi inventé un master en recherches chorégraphiques ici, baptisé “exerce”, qui est toujours le seul en France.”

Le Centre lui laisse également un lourd héritage après le décès de son créateur, le chorégraphe Dominique Bagouet en 1992. “C’est toujours difficile d’arriver après un mort. C’était un ange. Je l’ai gardé dans mon cœur et je me suis sentie d’une certaine façon accompagnée. J’ai toujours eu l’impression d’avoir été bien accueillie, quand même. Je dis « quand même », car ça a pris du temps. J’avais une danse très différente de Dominique, moins classique.”
Cécile Guyez