Please, Please, Please, création de 2019 du trio Mathilde Monnier, La Ribot et Tiago Rodrigues
est joué pour trois soirs au Domaine d’O. Si ce titre est aussi celui d’une chanson de James
Brown, il ne s’agit pas d’un hommage à la star américaine. Avec cette pièce créée quelques
mois avant la pandémie, les trois artistes ont voulu orchestrer un dialogue d’incompréhension
entre les générations sur les réalités du monde.


Au départ, il y a le désir d’un texte pour le confronter à la danse. Ce texte, il est bien sûr écrit
par Tiago Rodrigues, l’auteur et metteur en scène placé à la tête du festival d’Avignon en juillet
dernier. Mathilde Monnier et La Ribot s’emparent de ce texte et de la danse. Si la collaboration
de Mathilde Monnier avec la danseuse-chorégraphe espagnole n’est pas nouvelle – on se
souvient du duo Gustavia en 2008 –, celle avec Tiago Rodrigues est inédite. « J’admirais
beaucoup son travail, pour moi, c’est un des très bons écrivains de théâtre aujourd’hui », confie
Mathilde Monnier, qui a beaucoup tourné au Portugal, permettant au dramaturge de voir
quasiment tous ses spectacles. De quoi nourrir l’envie de travailler ensemble.


C’est d’abord le corps qui pose les enjeux de la pièce partagée entre interrogations intimes et
universelles. On pourra être tourmenté par la danse des cafards, bestioles bien connues pour
résister aux catastrophes. C’est ensuite au texte de venir soutenir les corps, au travers de la
relation d’une mère et de son enfant qui vient de naître. Il y a une bonne et une mauvaise
nouvelle. Il parle, mais il ne converse pas dans la même langue que sa génitrice. « C’est un
bébé intelligent, comme un peu les Greta Thunberg, qui ont cette espèce de vision, cette
détermination », résume Mathilde Monnier.

Un bébé qui appartiendrait à cette génération qui voit le monde en dehors de son périmètre,
face à des baby-boomers résignés. Mais qu’on ne s’attende pas à avoir un résumé des enjeux
de la COP 26. C’est une pièce sur la transmission, sur la difficulté de faire évoluer les choses,
et qui anticipe un monde se transformant. Pour Mathilde Monnier, il convient aussi de ne pas
tout laisser au texte. Il s’agit de « croire que la danse à une puissance de transmission et
d’émotion, même si elle dit des choses moins précises qu’avec un texte », résume la danseusechorégraphe.

Du jeudi 11 au samedi 13 novembre à 20 h. Théâtre Jean-Claude-Carrière, Montpellier. Tarif
plein : 24 € (0 800 200 165).
Mathilde Monnier, La Ribot et Tiago Rodrigues dans un même spectacle sur la transmission
faisant dialoguer les générations.


Vincent Pourrageau
redac.montpellier@midilibre.com