Montpellier Danse : la dernière création de Mathilde Monnier, Twin Paradox


 Le festival Montpellier Danse a ouvert sa 32ème édition le 22 juin dernier. Il s'achèvera le 7 juillet après avoir accueilli de prestigieux chorégraphes comme Mourad Merzouki ou William Forsythe. Cette année, "le goût de la méditerranée" est mis à l'honneur : tout en confortant sa place majeure dans la danse, Montpellier s'ouvre à d'autres cultures méridonales comme le Maghreb, le Liban, la Turquie et l'Iran. La chorégraphe Mathilde Monnier, nous a présenté les 23, 24 et 25 juin sa nouvelle création Twin Paradox. Une représentation qui ne laissera personne indifférent.
 
 
Référence incontestable dans le paysage de la danse contemporaine, Mathilde Monnier est fière de présenter depuis sa nomination au Centre Chorégrapique de Montpellier Languedoc-Roussillon une série de collaborations avec des personnalités issues de différents univers artistiques (Jean-Luc Nancy, Heiner Goebbels...). Elle a pour habitude d'interroger le corps afin d'en ressortir des prestations jusque là inexplorées, sous-tendues par les problématiques actuelles qui régentent notre quotidien.

La danse : une arme
Cette année, sa nouvelle création Twin Paradox s'inspire directement des marathons de danse organisés aux Etats-Unis dans les années 20. Des compétitions qui se déroulaient pendant des heures, permettant à ses participants d'accéder à la gloire et au monde du cinéma. Cette illustration des méfaits de la misère fait écho à la crise actuelle que le monde traverse. Mathilde Monnier rapporte dans le préambule de cette nouvelle création : « (…) poursuivre et poursuivre encore, comme si la danse était un dernier refuge contre ou devant les éléments, continuer coûte que coûte et de toutes les façons, forme de ligne avancée où la danse devient un socle, une arme, un manifeste aussi mais qui ne revendique d'autre que sa propre présence et si l'on peut dire, survivance. Danser malgré tout, danser après tout. » La danse, comme support inaltérable de la création artistique qu'offre le corps.

Une mise en scène épurée
Twin Paradox a investi le Théâtre de Grammont. Pour l'occasion, la chorégraphe a choisi un décor tout à fait minimaliste. Seul est conservé une scène orangée à la mode japonaise, sur laquelle dix danseurs mixtes explorent en couple toutes les situations provoquées par la rencontre de l'autre. Sur un fond sonore hybride mélangeant bruits parasites, bribes de conversations et morceaux musicaux inaudibles, la chorégraphie bat son plein autour de différents ateliers pour amener les corps à se désarticuler en duo. Plusieurs étapes se succèdent représentant différents sentiments : l'amour, l'affrontement, la domination, la protection. Entre arrêts sur image et déploiement de fougue, le public est amené dans un univers saccadé et indéterminé. Les jeux de lumière passant du fort au tamisé s'ajoutent pour donner sens aux mouvements présentés. Les leggins et tee-shirts portés par les danseurs ressemblent aux vêtements de couleurs fluos saturées, portés dans les années 90 à New York. Jusqu'à ce qu'il faille les enlever pour se doter de vêtements plus sobres. Les danseurs se changent au fond de la plate-forme dos au public, en ligne. Le public est invité à imaginer les coulisses, alors que le Théâtre est dépouillé de sa forme habituelle. 
Voilà une représentation dans laquelle l'esthétisme du duo est mis en avant. Parfois, on peut avoir l'impression que la combinaison de deux personnes forme une unité parfaite. Toutefois, il y a quelques longueurs qui se font sentir pendant les deux heures de représentation. Pour un public non expérimenté, le spectacle peut prendre une tournure inaccessible. Le fil rouge sur lequel Mathilde Monnier a voulu travailler n'est pas à la portée de tous. On sort de cette représentation émerveillé par la beauté des mouvements  mais finalement interloqué. Mathilde Monnier interpelle l'esprit du public mais malheureusement on ne comprend pas toujours où elle veut en venir.


Amélie SALETTI
mlactu.fr - 25/06/2012