Angot présente sa pièce à Avignon


L'écrivain se produit jusqu'au 27 juillet dans "La Place du singe", co-signée et co-interprétée avec la chorégraphe Mathilde Monnier.

Jusqu'au 27 juillet, Christine Angot se produit dans 'La Place du singe' au festival d'Avignon. L'écrivain Christine Angot et la chorégraphe Mathilde Monnier ont choisi la scène pour lancer un défi à l'univers bourgeois avec la "Place du singe", une oeuvre étrange et dérangeante déjà présentée à Montpellier Danse.
Huit ans après "Arrêtez, arrêtons, arrête", une pièce pour danseurs et comédien, les deux femmes se retrouvent dans ce duo austère : au milieu d'un décor dépourvu de tout apparat, la première énonce un récit aux accents autobiographiques, entraînant les mouvements nerveux et saccadés de la seconde, marquée par le sceau de la souffrance.
"En parlant ensemble, on a découvert un sujet passionnant, sur lequel on avait chacune plein de choses à dire. C'est le comportement et les codes de la bourgeoisie", raconte Christine Angot, dénonçant ses "rêves factices diffusés en permanence par tous les canaux".
"La question du bonheur n'est pas la même pour tout le monde", annonce-t-elle dès le début de son spectacle.  
"On a utilisé la seule arme que la bourgeoisie ne comprend pas, l'imaginaire", poursuit l'auteur des "Désaxés" et de "L'inceste", selon laquelle "la littérature est faite pour détruire les rêves".
Issue d'une famille aisée d'industriels alsaciens, qui n'a jamais caché son hostilité à son inclination pour la danse, Mathilde Monnier retrouve son propre parcours dans cette oeuvre inédite.
"L'expérience de la douleur"
"C'est la question de la place assignée à notre naissance, à notre milieu. La question de savoir si l'on va garder cette place toute notre vie ou si l'on va la quitter", précise la directrice du Centre chorégraphique national de Montpellier, dont le choix de la danse s'est accompagné d'une "séparation" avec son propre milieu.
"Cela a été très difficile de raconter mon histoire à Christine, l'expérience de la douleur, l'histoire d'un arrachement, d'une rupture, qui aujourd'hui encore me prend aux tripes", confie la chorégraphe. "Ce qui m'avait réconfortée dans le monde de la danse, c'est justement le fait qu'on n'y parle pas de ses origines sociales", se souvient-elle.
Le titre de l'oeuvre joue sur le mot "singe", à la fois animal instable et insaisissable, mais aussi mime grotesque d'une réalité qu'il ne comprend pas toujours.
"J'ai plus cherché à travers ma chorégraphie à montrer ce qu'il y avait d'humain dans cet animal qu'à me tourner vers une sorte de bestialité", souligne Mathilde Monnier.
"L'idée saugrenue de venir sur un plateau, de se mettre en face du public. C'est aussi ça la place du singe", conclut Christine Angot, qui sans revendiquer de dessein politique à travers l'oeuvre, rappelle toutefois qu'"il n'y a pas plus militant que le geste artistique".
Après Avignon, "La Place du singe" part à Genève (27 septembre au 1er octobre), Lausanne (6 octobre), ainsi qu'à Paris (9 novembre au 8 décembre) et Toulouse (12 au 17 décembre).

25 juillet 05
Le Nouvel Obs