Un musée à soi — Accrochage participatif




Du 16 octobre 2022 au 19 mars 2023

Vernissage le samedi 15 octobre 2022 de 18h30 à 21h

Au Mrac — Musée régional d’art contemporain Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, Sérignan

Sous la direction artistique de Mathilde Monnier

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Avec Farah Atassi, Per Barclay, Neil Beloufa, Nadia Benbouta, Karina Bisch, Io Burgard, Armelle Caron, Alain Clairet et Marie Jugnet, Cindy Coutant, Eléonore False, Julien Garnier, Ann Veronica Janssens, Stéphane Magnin, Olivier Mosset, Stéphane Pancreac’h, Laurent Pernot, Maxime Rossi, Chéri Samba, Gérard Traquandi, Francisco Tropa, Ida Tursic et Wilfried Mille et Raphaël Zarka.

Commissariat Élisabeth Camilleri, Dominique Cros, Sonia Debeuré-Provost, Maxime Husson, Matthieu Supernant, Nathalie Tersier, Nicole Vidal
sous la direction artistique de Mathilde Monnier.
Scénographie Dominique Figarella.

Projet en collaboration avec les artistes Alice Fleury, Geoffrey Badel et Dominique Figarella et réalisé dans le cadre de la convention de partenariat culturel entre la Région Occitanie et le Centre Hospitalier de Béziers ; avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles et de l’Agence régionale de santé Occitanie dans le cadre du programme Culture-Santé.



C’est une démarche inhabituelle pour un musée : confier un projet d’accrochage participatif à une chorégraphe et à un groupe de patients de l’hôpital de jour de Béziers, le groupe Art. 27, afin d’imaginer une exposition à partir des collections du musée.

La pertinence réside sur ce pari de confier à un groupe d’amateurs éclairés mais aussi à un groupe de personnes souvent invisibilisées dans la société une responsabilité artistique. Ce projet répond à la question : comment inventer et vivre un lien intime, personnel et peut-être secret avec des œuvres exposées, comment s’exposer tout en exposant.

Mathilde Monnier


« Avant le début du second confinement à l’automne 2020, Clément Nouet directeur du Mrac et Isabelle Durand chargée des publics me contactent pour rencontrer un groupe de patients qui vient depuis des années régulièrement au musée pour y faire des ateliers. L’idée est de pousser plus loin l’expérience de leur participation au musée, en leur confiant un projet d’accrochage à travers un geste curatorial unique. Ce groupe est accompagné à l’année par deux personnes essentielles et motrices dans tout le projet : Nicole Vidal, ergothérapeute et Sonia Debeuré-Provost, psychologue, sans qui rien ne se serait passé.

La proposition du musée est très ouverte mais une forme de contrat tacite implique que c’est un projet de commissariat participatif et qui sera le fruit de ces rencontres : il faut les accompagner dans cette démarche. La proposition me plait par sa pertinence et son pas de côté surtout du point de vue institutionnel ; cette proposition est double et inédite, celle de s’adresser à une chorégraphe plutôt habituée aux plateaux scéniques et dans un second temps parier sur le travail d’un groupe atypique pour penser ce projet.
Ce projet passionnant devait durer une année mais suite à la crise sanitaire, il va s’étendre sur deux années de rencontres, de réflexion et d’ateliers. Pendant ces deux ans, nous nous sommes tous réunis au musée ou dans les locaux de l’hôpital de jour de Béziers presque tous les jeudis.
Le groupe a une familiarité particulière avec le musée. Il y circule avec une grande curiosité comme dans un lieu connu mais aussi dans une grande connaissance du terrain et des collections. Certains ont une pratique artistique personnelle, image ou peinture, mais ils ont en commun d’être tous passionnés.
Le projet d’accompagner un groupe pour cet accrochage participatif m’a amenée à me questionner sur la position du curateur ou du commissariat d’exposition et sur ma propre place au sein de ce projet en tant qu’artiste, mon parcours s’inscrit plus spécifiquement dans le champ chorégraphique.
La pertinence réside dans un premier temps dans cette interrogation sur la place du commissaire d’exposition et sur le pari de confier à un groupe d’amateurs éclairés mais aussi à un groupe de personnes souvent invisibilisées dans la société une responsabilité artistique.

Ce qui m’intéresse ici n’est pas tant de redéfinir cette place ou de reconduire classiquement la place du curateur mais de l’interroger dans le contexte de ce projet à la manière d’un curateur apprenant pour reprendre le terme de Jacques Rancière sur le maître apprenant. Il m’importe avant tout que les personnes participant au projet et qui vivent en retrait du monde de l’art et ne sont pas des spécialistes, puissent entrer en dialogue et en lien direct avec les artistes (ce qui suppose de travailler avec des artistes vivants) et aient toute légitimité à prendre cette place curatoriale au même titre qu’un commissaire d’exposition.
Cette initiative du Mrac me semble très pertinente car sur le fond il existe très peu d’expériences qui confient une exposition à des personnes extérieures au monde de l’art.
Ce projet d’Un musée à soi – le titre est une référence à l’essai de Virginia Woolf, Une chambre à soi (1929), – répond à la question : comment inventer et vivre un lien intime, personnel et peut être secret avec des œuvres exposées, comment s’exposer tout en exposant !
Le chemin que nous avons fait ensemble vers cette exposition sera au moins aussi important que l’exposition elle-même et il nous appartient donc de restituer au public ce processus d’approche. C’est dans ce sens-là que j’ai pensé me rapprocher de deux jeunes artistes issus du MO.CO. Esba (École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier), Geoffrey Badel et Alice Fleury afin de m’accompagner dans cette démarche et de documenter le processus en leur passant la commande d’un documentaire qui pourrait restituer au public une partie de ce qui aura été la vie de cette expérience. Leur participation se joue dans ce rôle de témoin de l’expérience mais aussi de participant à tout le processus.
De même c’est l’artiste Dominique Figarella avec qui j’ai été en dialogue tout au long du projet qui signe la scénographie.
André Malraux a pensé un musée imaginaire comme un lieu mental, pour que chacun ait son musée, notre exposition est aussi une expérience du déplacement, celle d’un musée dont les œuvres semblent nous choisir, plus que nous ne les choisissons, un lieu à soi et donc à tous. »

Mathilde Monnier