création 2 & 3 février 08 . berlin / arena
En 1998, je demandais à Heiner Goebbels de composer la musique de ma pièce Les Lieux de là. Aujourd’hui, un deuxième volet s’ajoute à cette collaboration.
En 1996, Heiner compose Surrogate Cities, un des opéras les plus virtuoses et émouvants de son œuvre. Cet opéra a toujours été présenté orchestralement et jamais encore mis en scène. Dans le cadre d’un programme pédagogique et artistique engageant professionnels et amateurs provenant de diverses communautés berlinoises, l’Orchestre Philharmonique de Berlin dirigé par Sir Simon Rattle prépare une nouvelle version de Surrogate Cities. J’ai accepté d’en assurer la mise en scène.
"La thématique de cet opéra est une tentative pour s’approcher de la ville de différentes parts ; de raconter quelque chose à propos des villes, de s’exposer à elles, de les surveiller. Surrogate cities est un matériau sur les mégapoles. Dans les rapports de pouvoir au sein de la ville, le solitaire a toujours le dessous." À partir des paroles de Heiner Goebbels, j’ai imaginé une mise en scène qui s'établit autour de deux idées. La première repose sur l’imaginaire des enfants face à la ville. Les enfants ont une perception des échelles de grandeur qui est liée à leur taille et à la hauteur de leurs regards. Cette différence de point de vue renforce cette image démesurée et gigantesque de la ville futuriste telle que Heiner la présente dans sa musique. Avec leurs participations seront réalisés des dessins, des lignes de fuite, des plans, des parcours qui seront le point de départ du rapport physique que les enfants entretiennent à la ville. La deuxième idée est de représenter la ville à travers différents groupes déjà existants, censés représenter différentes couches sociales organisationnelles et autonomes et parfois souterraines (car peu reconnues) qui composent le milieu urbain. Il nous a semblé intéressant de contacter des groupes qui se retrouvent autour d’une pratique régulière tels que des groupes de danse, de pratique d’arts martiaux et autres sports, groupes de jeux, etc.. ). Ces groupes confronteront leurs propres pratiques hebdomadaires à un travail de mise en scène. Un des mouvements emblématiques de cet opéra est sans doute Tree songs. Ce morceau chanté par Jocelyn B. Smith comporte une forme récitative d’un texte de Heiner Müller qui raconte la guerre civile entre deux villes voisines et le combat de deux hommes pour dominer Rome. L'opéra de Heiner Goebbels oscille autour de ce paradoxe : un désir de possession des villes et en même temps ce sentiment d’impuissance, de solitude mais aussi d’appartenance à un lieu, un quartier, une rue. Nous travaillerons autour de cette idée d’attachement et de subjectivité de nos villes imaginaires ou réelles. Le projet scénographique donne à l’orchestre cette place centrale, il est le centre de la ville autour duquel gravite la scène. Les spectateurs seront autour de cette scénographie facilitant la proximité de regard. mathilde monnier
opéra de heiner goebbels
chorégraphie mathilde monnier
commande de l’orchestre philarmonique de berlin
direction sir simon rattle
vocal jocelyn b. smith & david moss
sampler benjamin kobler
assistants à la chorégraphie florian bilbao, herman diephuis, filiz sizanli
scénographie annie tolleter assistée de cédric torne
lumière éric wurtz
vidéo anna henckel-donnersmarck
son norbert ommer
production
zukunft@bphil - education department of the berliner philarmoniker
centre chorégraphique national de montpellier languedoc-roussillon, "programme Hors Séries"