nuit de chine

un film de claude mouriéras
création 1987



film en 16 mm réalisé par claude mouriéras d'après mort de rire

Le film de claude mouriéras se déroule dans un univers clos, une étrange pension de famille où il fait très chaud et où n'entre pas la lumière du jour. Les murs suintent (on entend battre les ailes du fantôme de tarkovski), les fenêtres sont presque toutes condamnées. Les oiseaux du paradis et les amants enlacés de la chanson populaire dont le film porte le titre y cèdent le pas aux crabes et aux célibats. Il n'empêche qu'entre ces quatre murs, on croit encore rêver jusqu'au lever du jour. De la chorégraphie même, claude mouriéras n'a conservé que quelques moments. Par contre, il en a tiré dans un scénario original des ambiances et des personnages : deux femmes âgées, vietnamiennes et très belles, l'une mystique, l'autre patronne de la pension et fumeuse de cigarettes. Une jeune femme en blouse de nylon bleu que le ménage ennuie (mathilde), un cuisinier en sueur à l'air pas très catholique (jean-françois), une dîneuse aux yeux perçants (elena), et un homme tragique (herman).
Comme certains rêves, certaines visions, le film ne se raconte pas. Nuit de chine s'apparente plutôt à un univers mental que composent de nombreuses scènes reliées entre elles par des états, des regards, des musiques et surtout des couleurs. Et aussi des rythmes. Le film démarre lentement dans un climat qui n'est pas sans rappeler quelque film noir. Une main glisse sur la rampe, des pas d'herman dans la nuit, poulpes hachés dans les vapeurs de la cuisine, défoulement nautique dansé dans le salon sur un air italien, visages inquiets, moiteur étouffante, convulsions... Les séquences s'empilent, pouvant être la vision intérieure que chacun a de l'autre, et la tension va crescendo jusqu'au final, apaisé et mélancolique. Dans une ambiance calme, presque banale, trouée d'éclats et de tendresse, des êtres échangent leur solitude sans parole. La patronne s'exprime en vietnamien. Un seul mot français est prononcé difficilement : chorégraphie. isabelle galloni d'istria


durée 30mn
chorégraphie mathilde monnier et jean-françois duroure
interprètes mme tran thi chang / mme pham tai tasteyre cham /loïc touzé / mathilde monnier / elena majnoni / joel luecht / jean-françoisduroure / herman diephuis / fabrice dasse

coproduction centre national de danse contemporaine d'angers / de hexe / la sept / le cargo / cdn productions / arcanal
remerciements ministère de la culture et de la communication